Matériel de base : l'échoppe onglette, le dessin, la nacre, ici bien épaisse (2mm), en provenance comme d'habitude de chez Delaruelle, l'atelier expert en tabletterie. Un bocfil, des lames fines pour métal 2/0 et de la cire à graver.

gravure_nacre__1_.JPGgravure_nacre__2_.JPG

1. Préparation de l'onglette

L'échoppe neuve doit d'abord être préparée. On peut commencer par affiner la soie, raccourcir la lame, emmancher l'échoppe et aplanir la face inférieure de la poignée. Le biseau est assez relevé, autour de 80° pour la nacre.

gravure_nacre__10_.JPGgravure_nacre__11_.JPG

On peut également dégager largement la pointe de la lame. C'est plus agréable si on grave avec l'index dessus et ça limite la surface de biseau à affuter. Les joues peuvent être légèrement arrondies, l'angle de dépouille est bas sans avoir la poignée au ras de la pièce, ça évite d'accrocher dans les courbes serrées (défaut visible autour de l'oreille dans la gravure finie).

gravure_nacre__28_.jpggravure_nacre__1_.png

2. Découpe de la nacre

gravure_nacre__3_.JPGLes nacres et leur orient sont choisis en fonction du dessin. Comme dans le bois, les ondes du matériau opposeront une résistance différente à la coupe.

Aussi, les pièces les moins tourmentées seront réservées pour le visage de notre portrait.

On individualise chaque partie du dessin et on les colle sur les nacres. J'utilise volontiers la colle en bâton, mais la cyano a l'avantage de « plastifier » le dessin, qui sinon a parfois tendance à s'effacer avec l'abrasion.

La découpe s'effectue classiquement au bocfil à l'aide de lames pour métal 2/0. Les demi-tours s'effectuent en sciant sur place. La lame s'émousse vite dans la nacre, il ne faut pas hésiter à la changer à chaque pièce. Un coup de bougie sur la lame peut également aider à faciliter la glisse et préserver la lame.

gravure_nacre__4_.JPGgravure_nacre__5_.JPG

Les pièces brutes de sciage, sur l'endroit et l'envers :

gravure_nacre__6_.JPGgravure_nacre__9_.JPG

On vérifie la bonne insertion des pièces entre elles. Au besoin un petit coup de lime à droite à gauche aide à emboiter tout ça. La précision de l'emboitement importe peu. Au contraire, un peu de jeu est le bienvenu.

gravure_nacre__7_.JPGgravure_nacre__8_.JPG

3. Incrustation

On commence par solidariser entre elles les nacres. Elles sont contrecollées sur un papier adhésif puis tartinées d'époxy + une pointe de couteau de noir animal.

gravure_nacre__12_.JPGgravure_nacre__13_.JPG

On laisse prendre le temps qu'il faut puis on démoule le tout et on reporte le tracé du contour sur le support à incruster, ici un morceau d'ébène de 10x10 cm. La défonce est faite avec l'outillage habituel du luthier pour ce type d'opération : mini-perceuse Dremel, support de défonce Stewmac et l'excellente fraise carbure à coupe vers le bas.

gravure_nacre__14_.JPGgravure_nacre__15_.JPG

L'astuce du jour, c'est le petit ventilo en scotch sur la fraise pour chasser le copeau. Simple et efficace :

gravure_nacre__16_.JPG

Ça rentre ? On colle et on met sous presse.

gravure_nacre__18_.JPGgravure_nacre__19_.JPG

gravure_nacre__20_.JPGgravure_nacre__21_.JPG

Après séchage de la colle, une excursion dans la calibreuse pour éliminer papier et cyano puis on ponce jusqu'au 400.

4. Gravure

Le dessin est reporté au crayon dur (4H).

gravure_nacre__22_.JPGgravure_nacre__23_.JPG

La prise de l'outil est importante. La lame est tenue entre le pouce, l'annulaire et l'auriculaire.
L'index appuie sur la pointe de l'onglette et est guidé par le majeur.

gravure_nacre__24_.JPGDSC03612.JPG

Les traits n'ont pas à être exécutés en une fois : on les trace légèrement et on revient plusieurs fois dans le trait. On n'oublie pas d'affuter régulièrement et de contrôler le trait en frottant la pièce avec la cire à graver Laskin. C'est top, comme un pastel gras mais en plus dur, ça remplit bien. D'autres produits issus de la bijouterie existent, liquides (gravolaque, encre de chine) ou à poser à chaud, c'est moins pratique.

gravure_nacre__25_.JPGgravure_nacre__26_.JPG

La gravure terminée :

gravure_nacre__27_.JPG

Merci à Pierrick Brua, Michel Massot et l'APLG
pour l'organisation de cette session de formation !