Sur certains de mes instruments, dont les copies de Stauffer et les Panormo, j'installe des frettes barettes. Il s'agit de simples bandes de maillechort insérées dans la touche. Ce profil de frette, descendant des premiers essais de frettes fixes en os ou ivoire, a rapidement disparu au profit du fil de frette moderne, en forme de T, qui est plus confortable et facile à installer. Il a perduré sur les guitares Martin jusqu'en 1934 - à une époque ou il était déjà plus qu’obsolète - ainsi que sur de nombreuses mandolines italiennes.
La technique suivante, assez expéditive, est celle que j'utilise actuellement pour le frettage en neuf. La technique de refrettage est assez différente.
L'étape préalable consiste à définir la largeur de la frette : on pourra retenir un mm pour une guitare française, jusqu'à 2 mm pour une viennoise. La scie utilisée, à main ou fraise-scie, devra offrir une voie à peine inférieure à l'épaisseur de notre frette. La solution la plus simple dépend du niveau d'équipement de l'atelier.La solution basique est d'utiliser une scie à bois et de jouer sur l'avoyage pour obtenir le bon serrage.
Une seconde solution, employée à l'atelier, consiste à utiliser une fraise-scie d'horloger, au calibrage précis, et à ajuster l'épaisseur de notre fil de frette au laminoir. Cette méthode présente l'avantage d'augmenter, par écrouissage, la dureté et l'élasticité du métal de la frette.
On détermine ensuite la hauteur de notre frette au dessus de la touche, généralement un petit mm, ainsi que son insertion dans la touche, par exemple 2 mm. Avec une petite marge de découpe, on peut retenir une hauteur totale de la frette de 3,2 mm.
Notre bande de maillechort, débitée à la bonne largeur et laminée à la bonne épaisseur, est découpé à la cisaille à la hauteur prévue. Préférer une cisaille guillotine avec une butée qui permet de débiter précisément toutes les frettes à la bonne longueur.
Illustration d'une bonne répétabilité de la découpe.
Pour le frettage de mes copies et par sécurité, j'aime coller les frettes barrettes à l'aide d'un peu de colle époxy. Afin de limiter le travail de nettoyage, deux bandes de ruban de masquage sont posées de part et d'autre du trait de frette.
On dépose, bien dans le trait, un peu de colle teinte au préalable au noir de carbone.
La frette est insérée en commençant par un coin, puis guidée le long du trait de scie au marteau.
Les frettes barrettes étant dépourvues de bossage comme sur le fil moderne, il existe un risque de rebond lors de l'insertion au marteau.J'apprécie donc de faire descendre en douceur la frette au fond du trait de scie à l'aide d'une cale et d'un serre-joint.
Après insertion, on retire le ruban de masquage...
...et on peut nettoyer les restes de colle fraîche à l'acétone.
Une fois la colle polymérisée, on peut mettre les frettes à niveau, bien à plat ou en prévoyant un léger creux de touche. Le soin pris lors du sciage de la touche et du débit des frettes permet de limiter la quantité de matière à enlever, de l'ordre de 0,2 mm.
On vérifie au pied à coulisse la hauteur des frettes au dessus de la touche, de 0,8 à 0,9 mm environ.
Les frettes sont arasées et limées à 45°.
La mise à niveau des frettes les a laissées carrées, avec une bonne bavure au bord. Aïe les doigts !Il nous faut donc arrondir le dessus des frettes. On commence par masquer la touche et matérialiser au marqueur le dessus des frettes.
Aucune lime de forme n'existe pour réaliser un arrondi si petit.
Il est donc ébauché à la lime plate, à 45°. 
La meilleure lime que j'ai trouvée pour ce travail est une lime à chaîne de tronçonneuse, de marque Oregon. Pas la lime ronde pour affuter les gouges, mais la lime plate servant à abaisser le limitateur de coupe. Elle présente la particularité d'avoir les bords arrondis et polis, ce qui permet d'épargner la touche lors du travail.
le travail consiste à réaliser deux pentes de part et d'autre de la frette, jusqu'à laisser une fine ligne de marqueur au milieu de la frette.
Le reste du travail est classique : ponçage de grain 400 à 1200 pour achever l'arrondi puis laine d'acier extra-fine le polir. Les frettes doivent glisser sans accroche sous les doigts.Et voilà !
L'atelier est lauréat ce mois-ci du gouden bootschaaf, ou rabot d'or, un prix créé en 2009 par le Centrum voor Muziekinstrumentenbouw de Puurs pour récompenser et encourager ses étudiants les plus dégourdis ! 
Les alésages coniques constituent un moyen simple et économique d'insertion et de maintien de pièces de bois tournées en lutherie : chevilles d'accord, chevilles de chevalet, pique ou bouton.
On peut ainsi en déduire les angles au sommet des lousses usuelles en facture des instruments à cordes pincées et frottées.